Traumatisme, expérience ou chance ? Témoignage d'une patiente

9 août 2010

Je suis une adolescente de 16 ans menant une vie simple et sans souci. Je croque la vie à pleines dents.
Me voilà partie pour un échange linguistique de 3 mois au Canada. 

Un rêve se transformant en cauchemar…

Je débarque dans une famille sectaire n’ayant aucun contact avec le monde extérieur et me prenant pour une locataire totalement libre et indépendante contrairement à toute attente.
Ne parlant pas bien anglais et étant loin de tout, je me sens assez rapidement déboussolée. Outre l’ignorance de cette famille à mon égard, je ne reçois pas à manger et dois me débrouiller pour vivre.

La rentrée à l’école de Vancouver me permet d’avoir des moments de répit. Les jours passent et l’ambiance dans la famille ne fait qu’empirer… Leur apathie et froideur me glacent. « Tout mais pas l’indifférence… ». C’est durant ce séjour que je comprends réellement le sens des paroles de cette chanson.
N’ayant aucun bon moyen de communication avec la Belgique et ne parvenant pas à exprimer correctement ce que je vis, je décide de ne rien dire et souffrir en silence. Je suis envahie par un sentiment de honte, d’échec.

Après 3 mois d’enfer, l’échange touche enfin à sa fin. Me voilà plongée à nouveau dans ma vie d’avant. Autour de moi, rien n’a changé alors que moi je me sens complètement transformée. J’ai découvert une partie de la vie que je ne connaissais pas. La souffrance, le sentiment de solitude absolu.

Je suis amaigrie, faible et complètement tétanisée à l’idée de revoir ma famille, mes amis. Pour eux, je rentrais d’une expérience magique et enviable.
J’arrive (avec 2 mois de retard) en rhéto. Les professeurs n’apprécient pas vraiment ce genre d’élèves débarquant en cours d’année et me mettent la pression. Je craque. J’enchaîne les malaises et ne peux plus suivre les cours.

Ne sachant plus garder le secret, j’avoue tout à ma famille et raconte ces mois horribles. Malheureusement, cela ne suffit pas pour soulager cette douleur mélangée à une peur constante.
Après quelques mois, je décide de rebondir. Je me mets à étudier pour rattraper le retard et l’école me permet de passer mes examens en décalé. Je réussis et c’est un grand soulagement qui marque la fin d’une année atroce.

Bien décidée à vivre d’autres expériences plus sympathiques, je me lance dans un nouvel été complétement surchargé et me voilà en total burnout pour la rentrée à l’université.  

Mes parents décident de m’emmener consulter et c’est alors que j’ai la chance de rencontrer Marina Blanchart !

Le courant passe rapidement et je sens que je suis tombée sur quelqu’un qui pourra VRAIMENT m’aider!!

Je me rends compte que j’ai des limites qui m’empêchent d’avancer comme je le souhaiterais et il est très difficile pour moi de les accepter.
C’est via des petites tâches quotidiennes conseillées par Marina que j’essaie de m’en sortir petit à petit.
Lors de moments de grandes colères ou de désespoir, je prends mon crayon et remplis quelques pages pour vider toutes ces émotions qui m’envahissent. A la fin de cet exercice, je me sens à chaque fois libérée d’un poids.
Il m’arrive également de dresser une liste d’activités que je désire réaliser. Je dois ensuite en choisir seulement une et m’y tenir. Interdiction formelle d’en faire plus. J’apprends doucement qu’il est possible de se satisfaire de petits objectifs.

Socialement, je me sens complètement décalée. Je me force néanmoins à sortir et voir des amis. Je suis épuisée et ne capte qu’une phrase sur deux mais apprends à profiter autrement. J’accepte, avec le temps, de me montrer plus fragile et de ne plus refléter l’image de la «sur femme» que je voulais être. Il m’arrive également d’être envahie par des peurs j’apprends alors à les laisser venir, leurs faire une place et étrangement, elles se réduisent !

Je commence à souffler et surtout me sentir davantage HUMAINE. Je découvre l’empathie, la douceur, la tolérance. Cette souffrance me permet d’avoir des discussions très riches et profondes avec certaines personnes. Je commence à en percevoir le trésor caché

Durant toutes ces années, je me suis battue pour devenir kiné. J’étudiais comme une folle car j’étais passionnée. Je ne réalisais pas qu’au passage, j’y laissais ma santé. J’enchaînais les burn out et ce stress post traumatique ne me quittait pas.
Je pensais que pour en sortir, il fallait se battre hardiment. J’ai énormément lutté et me suis épuisée davantage. Un jour, j’ai tout lâché. Je ne parvenais plus à m’accrocher. Je me souviens avoir dit à Edward (le psychiatre qui travaille aussi chez Virages) : «Maintenant, c’est fini, j’arrête le combat. Mon projet c’est ma santé.»  Quelques jours plus tard, une énergie incroyable était revenue en moi.
Edward a également pris le temps d’expliquer à toute ma famille la situation. Lors de cette réunion, chacun a pu poser ses questions et exprimer ses craintes. Ce fut réellement bénéfique.
Son attitude si sereine et réfléchie m’interpelle et m’inspire confiance. Il me fait comprendre que l’envie de m’en sortir ne dépend pas toujours de la volonté.

Parfois, si les multiples tentatives de lutte ont échoué, il est plus avantageux d’abandonner le combat. Après avoir fait de nombreuses pauses puis tentatives de reprises pour terminer mes études, j’ai décidé d’arrêter pour de bon. Ça s’est avéré être très difficile car c’était un rêve qui s’écroulait.

Avec le temps, j’ai appris à élargir mes centres d’intérêts hors de la kiné. J’ai beaucoup voyagé, me suis intéressée à la peinture, à la cuisine, aux photos, aux montages vidéo, etc.

Aujourd’hui, j’ai 24 ans et c’est lors d’un week-end printanier qu’une nouvelle partie de ma vie a commencé.

Je suis allée aider bénévolement pour le tournage d’une série en tant que figurante. Les gens sur place m’ont expliqué comment faire si je souhaitais aller plus loin dans le métier de comédien. Sans trop y croire, j’ai passé quelques castings, me suis intéressée d’un peu plus près au cinéma et joue actuellement pour divers films. C’est un monde que je ne connaissais pas et que je continue à découvrir chaque jour.

J’ai décidé de saisir cette opportunité et poursuivre dans cette direction sans trop d’attentes, en prenant la vie comme elle vient avec plus de légèreté et de souplesse ! 
Pour clôturer sur une note Goldman : «Au bout de mes rêves», j’ai également pris conscience du sens de cette chanson et m’en sert comme devise au quotidien ! 

Je me permets de vous raconter cela car j’aimerais vous dire que « TOUT PEUT ENCORE TELLEMENT CHANGER !!! ». Cette phrase, c’est Marina qui me l’a dit un jour. Je n’y croyais pas trop mais espérais secrètement. Aujourd’hui, je sais qu’elle avait raison ! Il faut y croire car je pense sincèrement qu’un VIRAGE est possible dans chaque situation.

J’ai découvert grâce aux thérapeutes de chez Virages, une logique paradoxale qui FONCTIONNE !!! Dans de nombreuses situations, les conseils stratégiques que j’ai reçus sont réellement efficaces et je les applique encore aujourd’hui !

Merci à eux, à ma famille, mes amis proches et à la VIE !

 

Aurélie